NOUVEAU SITE EN PREPARATION
Ce blog est suspendu

Preuve de vie mais désespoir

C'est une lettre de 12 pages remplies d'une écriture serrée - une lettre de "désespoir et de solitude", selon Lorenzo Delloye, le fils d'Ingrid Betancourt. La première "preuve de vie" que les proches de l'otage franco-colombienne aient reçue depuis des années, en même temps qu'une brève séquence filmée diffusée vendredi, où elle apparaissait immobile, quasi-prostrée au milieu de la jungle. Cette lettre qui a été trouvée, assure le gouvernement colombien, sur un guérillero des Farc récemment capturé, Lorenzo Delloye en a pris connaissance par l'intermédiaire de sa grand-mère Yolanda Pulecio, qui lui en a lui des passages au téléphone depuis Bogota.

"C'est un moment très difficile pour moi", écrit-elle. "On me demande des preuves de vie à brûle-pourpoint et je te livre le fond de mon coeur sur ce papier. Je ne vais pas bien physiquement, je ne mange plus, je perds l'appétit, mes cheveux tombent en grande quantité".

"Je n'ai plus goût à rien. Et je pense que n'avoir envie de rien est la seule bonne chose, puisqu'ici dans la jungle, l'unique réponse à toute demande est : "non". Il vaut mieux alors ne rien vouloir et être libérée du désir de quelque chose. Pendant trois ans j'ai demandé une encyclopédie pour avoir quelque chose à lire, à apprendre, garder vivante ma curiosité intellectuelle".

"J'aime la France avec mon coeur, car j'admire la capacité de mobilisation d'un peuple qui, comme disait Camus, sait que vivre, c'est s'engager", écrit-elle. "Toutes ces années ont été terribles mais je ne crois pas que je pourrais être encore vivante sans l'engagement qu'ils nous ont apporté à nous tous qui ici, vivons comme des morts".

"La vie ici n'est pas une vie, c'est une lugubre perte de temps. Je vis ou je survis dans un hamac (...) Mon seul luxe, c'est mon sac à dos avec mes vêtements, et ma Bible".

"Les seules constantes sont l'incertitude et l'insécurité (...) A tout moment on peut recevoir l'ordre de faire nos sacs (...) Chacun doit dormir dans n'importe quel renfoncement, étendu n'importe où, comme n'importe quel animal".

"Je n'ai plus d'intérêt ou d'énergie pour quoi que ce soit (...) J'essaie de garder le silence, de parler aussi peu que possible pour éviter les problèmes".

"Pendant des années, j'ai pensé que tant que l'on est en vie, aussi longtemps que l'on respire, il y a de l'espoir. Mais je n'ai plus cette force".

0 commentaires

Enregistrer un commentaire

Les messages agressifs ou diffamatoires, les insultes et critiques personnelles, les grossièretés et vulgarités, et plus généralement tout message contrevenant aux lois françaises en vigueur sont interdits. Merci de votre compréhension.

Archive de blog
2007 : Juillet - Août - Septembre - Octobre - Novembre - Décembre
2008 : Janvier - Février - Mars - Avril - Mai - Juin - Juillet