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Climat tendu entre l'Elysée et Matignon

  • Des OGM à la carte "familles nombreuses", Nicolas Sarkozy a dû monter au créneau trop souvent, estiment ses collaborateurs.
La scène se déroule mardi, à la sortie d'une réunion de crise à l'Élysée sur le projet de loi OGM. Un collaborateur du président lève les yeux au ciel : "Fillon, c'est la cata, il n'a rien géré. Ce n'est tout de même pas le job du président de rédiger des sous-amendements". Dans la matinée, Nicolas Sarkozy a fait venir en urgence François Fillon, le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, les présidents des groupes UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, et au Sénat, Henri de Raincourt, et les rapporteurs de la loi OGM. Le but : trouver un compromis sur ce projet de loi qui donne à la majorité tant de fil à retordre depuis la semaine dernière . Lundi, le premier ministre est resté en retrait lors de la réunion. Jouant sa proximité avec les députés UMP, alors que Nicolas Sarkozy voulait leur faire accepter un amendement censé calmer les anti-OGM. "C'est toute la crédibilité du Grenelle de l'environnement qui se jouait sur ce dossier OGM. Le président est intervenu hier, parce qu'il ne pouvait pas laisser passer ça", explique-t-on dans l'entourage du président. "Mais ce n'est pas parce qu'il défend plutôt la ligne Kosciusko-Morizet qu'il a approuvé sa méthode", précise-t-on à l'Élysée où l'on rappelle que "le président le lui a dit personnellement".

"Que se passe-t-il quand un dossier du gouvernement tourne mal ? C'est encore Sarkozy qui s'y colle !", s'exclame-t-on à l'Élysée, où on se dit las d'être "les pompiers de service" . Et de citer le cas de la carte famille nombreuse : "une c…, voilà ce qui arrive quand la technostructure tourne à vide. On ne peut pas tout surveiller". Voilà un autre dossier sur lequel Nicolas Sarkozy est intervenu en fin de semaine, pour démentir François Fillon. Le premier ministre avait annoncé de­puis le Japon qu'il était bien question de confier à la SNCF le fi­nancement de la carte famille nombreuse, dans le cadre de la révision des politiques publiques. À l'énervement de la fin de semaine dernière s'ajoutait mardi la "gaffe" de Roselyne Bachelot sur le non-remboursement des lunettes.

"Tenir le cap des réformes"

Cette proche de Fillon, qui lui doit sa place au gouvernement, "a été prise au dépourvu", s'agace-t-on à l'Élysée. Des reproches qui "ne manquent pas de saveur", s'amuse un proche de Fillon : "Le président nous demande d'être interventionnistes. Soit. Mais alors qu'il ne se mêle pas de tout !". Au passage, on rappelle que le président est celui qui "fait des annonces à la place de ses ministres", en citant Christine Albanel qui apprit "un quart d'heure avant la conférence de presse du président qu'il voulait supprimer la pub de la télévision publique". Ou encore les propositions "brouillonnes" du chef de l'État sur Arcelor.

Face à ces agacements élyséens, François Fillon "est de plus en plus détaché", reconnaît l'un de ses proches. "Il ne veut pas se perdre dans ces querelles picrocholines. L'essentiel est de tenir le cap des réformes", explique ce dernier. À l'Élysée, un proche du président calme lui aussi le jeu : "Fillon, il le connaît par cœur, il sait pertinemment ce qu'il sait faire ou ne pas faire. Et il sait bien qu'ils font équipe jusqu'en 2009."
"Fillon, réveille toi ! Il est temps"
Sarkozyfrance2007

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