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Le Kosovo à l'heure de l'indépendance

  • L'indépendance de la province doit être proclamée dimanche après 2 ans de guerre et 8 ans d'administration de l'ONU. La liesse a débuté dès samedi.
  • La minorité serbe pourrait faire sécession.
"Un grand jour, un jour historique (...), un jour de grâce pour un Kosovo souverain et indépendant". Comme annoncé samedi par le Premier ministre kosovar Thaçi, la province de Serbie va proclamer dimanche après-midi son indépendance. Et les Albanais du Kosovo de réaliser leur rêve après huit ans d'administration de l'ONU suite à deux ans de guerre.

Mais déjà l'ambiance était devenue euphorique à Pristina à la veille de cette proclamation. Sirènes, klaxons, cris de joie et pétards résonnaient samedi dans la ville. Partout des drapeaux kosovars et américains. "Kosovo", "Indépendance", criait la foule en liesse. La fièvre est montée tout au long de la journée. Et à la nuit tombée les Kosovars ont fêté la nouvelle : ce sera bien dimanche, a confirmé le Premier ministre kosovar, après un long et faux suspens. "Je ne savais pas qu'on avait une date. J'ai entendu les sirènes et j'ai compris. On attend ça depuis des milliards d'années. Je suis fier ! On l'a fait!", s'est écrié un homme.

Après cette proclamation, les Etats-Unis et plusieurs grands pays de l'Union européenne devraient reconnaître rapidement l'indépendance dont les premiers pas seront encadrés par une mission de l'UE. En revanche, Belgrade, fermement soutenu par la Russie, et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de la population) sont opposés à toute indépendance unilatérale de la province. "Je n'abandonnerai jamais la lutte pour notre Kosovo", a juré vendredi le président serbe Boris Tadic. La Serbie a par avance "annulé" toute proclamation d'indépendance qu'elle juge "illégale", et prévu de s'y opposer par "toutes les mesures diplomatiques, politiques et économiques".

Mission ardue pour l'UE

Soucieux de voir l'indépendance reconnue par l'UE et les Américains, le Premier ministre kosovar Thaçi a indiqué à plusieurs reprises que le processus y menant était géré par les responsables du Kosovo "en coordination" avec les Occidentaux. Il a aussi répété que la sécurité des Serbes et des autres minorités serait garantie dans un Kosovo indépendant, appelant à tourner la page du "triste passé".

Samedi, l'UE a donné son feu vert formel à l'envoi d'une mission de quelque 2.000 policiers et juristes, baptisée Eulex chargée d'accompagner l'indépendance du Kosovo. L'UE est divisée sur la question de l'indépendance. Une large majorité de pays européens sont prêts à la reconnaître. Mais six pays membres, craignant qu'une indépendance du Kosovo n'encourage les séparatismes, ne devraient pas le faire dans un proche avenir (Chypre, la Grèce, l'Espagne, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie).

Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient simplement "prendre note" de cette proclamation dont la reconnaissance se fera pays par pays. La tâche de l'UE s'annonce comme un défi, en particulier dans le Nord, où vivent 40.000 des 120.000 Serbes présents au Kosovo. Leur principal leader, Milan Ivanovic, opposé à toute indépendance, a rejeté samedi la légitimité de cette mission.

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