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Carla Bruni-Sarkozy : "Je ferai de mon mieux"

Avez-vous été surprise par le raz-de-marée médiatique qui a suivi l'annonce de ce qui était alors votre liaison amoureuse avec Nicolas Sarkozy, à la mi-décembre 2007 ?
Je n'ai pas été surprise, j'ai été submergée.

La vie de mannequin puis de chanteuse vous avait pourtant habituée...
J'étais habituée à une exposition médiatique importante, mais là, ce fut incomparable. C'est comme un autre monde, dans lequel je suis entrée avec tranquillité, mais aussi avec inconscience.

A quoi ressemble cet autre monde, celui de la politique ?
C'est un monde où les choses se répercutent énormément, où les mots ont plus de poids, un monde où l'on s'occupe de choses essentielles: celles qui changent la vie des gens, leurs droits, leurs chances, leur liberté. C'est un monde de questions fondamentales pour l'existence même, alors que l'art et la mode le sont pour l'âme, le coeur, la douceur de vivre, le plaisir.

Vous ne vous doutiez pas que la politique ressemblait à ça ?
Je m'en doutais, mais je n'avais jamais eu affaire à ce monde. J'imaginais bien qu'en politique il n'y aurait plus aucune mesure, mais je croyais que cet univers était respecté. Or, il est logé à la même enseigne que celui du spectacle. La politique suscite des pulsions primitives, alors que l'art et l'image déclenchent des pulsions plus subtiles, plus raffinées, plus civilisées.

Avez-vous, en découvrant cette violence, eu envie de fuir l'univers politique, malgré votre nouvelle vie sentimentale ?
Non, car je suis amoureuse, j'assume la situation et je ne peux rien y changer. Je ne veux pas me battre contre le monde extérieur, je m'accroche à une intimité réconfortante et merveilleuse, aussi merveilleuse que le reste est parfois cruel. Je me dédouble. Mon guitariste, Thao, qui vient tous les jours travailler avec moi, m'a dit qu'il n'avait jamais constaté un tel contraste entre ma vie telle qu'elle est et celle que les gens imaginent.

L'image qui a soulevé le plus de polémiques, c'est votre fils se cachant le visage, perché sur les épaules du président, à Pétra, en Jordanie. Avez-vous commis une erreur ?
Oui. Je m'en explique. Je vis avec un homme qui aime mon enfant sans en être le père. C'est une bénédiction et toutes les femmes dans mon cas me comprendront. A Pétra, après quarante-cinq minutes de marche, j'étais épuisée à force de porter mon fils; Nicolas l'a pris sur ses épaules, et j'ai apprécié ce geste sans réfléchir. Quand j'ai vu les photographes qui étaient là, j'ai dit à mon fils de se cacher le visage, parce que je pensais qu'il valait mieux qu'il ne soit pas reconnaissable sur les clichés. Mon erreur a été de ne pas prendre la mesure de ce qui allait arriver, de ne pas réagir assez vite lorsque j'ai vu les 600 photographes réunis soudainement. Quelques secondes ont suffi. Mon erreur la plus grande, bien sûr, a été d'emmener mon fils dans cette visite à Pétra. Cela a donné une image choquante, violente, obscène, qui m'a procuré de la honte en tant que mère. Ce n'est pas l'erreur de Nicolas, c'est la mienne.

Pourquoi un mariage si discret, presque secret, le 2 février ?
Parce que tout ce qui n'est pas caché est considéré comme "mis en scène". J'avais envie d'épouser l'homme que j'aime au moment que nous avions choisi. Peu importe le décorum, ce fut un vrai mariage, un mariage à nous. Nous nous sommes dit oui, tout était ensoleillé. Le lendemain, nous avons hésité à sortir à cause des photographes, mais il faisait beau... Mon voyage de noces fut une promenade de vingt minutes dans le parc du château de Versailles... Merveilleux voyage de noces tout de même.

Les médias vous ont-ils "volé" votre mariage en vous contraignant à cette discrétion ?
Les médias ne m'ont rien volé du tout. Très jeune, j'ai appris une chose: l'endroit d'où parlent les médias n'est pas celui où je suis. Ce qui ressort dans les médias et ce que je vis sont deux choses distinctes. Le résultat d'une exposition médiatique est toujours imprécis et souvent inexact, ce n'est pas très grave. Ce qui est grave, on le sait, serait que les médias ne soient pas libres. Dans notre pays, ils le sont, et c'est tant mieux. En arrivant à Pétra et en découvrant soudainement, au détour de la dernière gorge, les photographes et les cameramen, j'ai compris que, si on les empêchait de travailler, il serait dit que Nicolas se comportait de façon dictatoriale.

Le président a porté plainte pour faux, usage de faux et recel à la suite de la mise en ligne sur le site d'un hebdomadaire d'un SMS présumé : est-ce le début d'une attitude agressive envers les médias ?
La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses. A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs ?

Vous voici première dame de France: comment envisagez-vous cette fonction, ce métier ?
Je l'aborde à peine, je n'ai rien calculé, je n'ai rien prévu. Je ne me suis jamais mariée avant. Je suis de culture italienne et je n'aimerais pas divorcer... Je suis donc la première dame jusqu'à la fin du mandat de mon mari, et son épouse jusqu'à la mort. Je sais bien que la vie peut réserver des surprises, mais c'est là mon souhait.

Vous qui ne vous êtes jamais mariée, vous n'avez pas hésité...
Je n'ai pas hésité. J'ai tout de suite eu envie de l'épouser. Il me semble qu'avec lui, rien de grave ne peut arriver. Nicolas n'est pas accroché à son pouvoir et c'est ce qui le rend courageux. J'aime être avec lui plus que tout. Auprès de lui a disparu une inquiétude que je ressentais depuis mon enfance. On me dit que tout cela est trop rapide. C'est faux: entre Nicolas et moi, ce ne fut pas rapide, ce fut immédiat. Donc, pour nous, ce fut en somme assez lent. Je sais bien que l'on ne devrait pas se marier dans l'instant et que, de plus, nous sommes exposés à la face du monde. Mais les amoureux, on le sait, ont leur propre temps. Le nôtre est up tempo.

Vous inspirerez-vous de Danielle Mitterrand ou de Bernadette Chirac ?
Ce sont des femmes que je respecte. Cependant, tout comme Nicolas ne ressemble pas à ses prédécesseurs, j'aimerais, moi aussi, tout en respectant la dignité de la fonction, garder ma personnalité.

Quel sera le style que vous chercherez à installer ?
Je suis assez travailleuse, je ne suis pas particulièrement courageuse. Je ne cherche pas à installer de style particulier. Nicolas est courageux pour deux, il est très protecteur, très paternel. J'aime l'aventure. Or, c'est une grande aventure que d'accompagner un homme qui dirige la France. Ce serait dommage de ne pas la partager avec lui. Je voudrais, en premier lieu, écouter Nicolas, écouter les gens, écouter tous ceux qui savent, car je ne sais rien. J'aime comprendre, j'aime découvrir ce monde et observer le métier de mon mari. J'aime aussi observer les réactions que son action suscite chez les gens, ainsi que dans les médias. J'aime suivre tout ce qui se passe, j'aime lire tout ce qui s'écrit, même lorsque cela me fait mal. Je ne sais pas encore ce que je peux faire en tant que première dame, mais je sais comment je veux le faire: sérieusement.

Mais vous avez un disque à finir...
Oui, je suis en plein travail en ce moment et je tiens énormément à ce disque. J'ai pris l'engagement de le faire.

Y aura-t-il une tournée ?
Il n'y avait pas de tournée vraiment prévue, comme pour mes deux disques précédents. Il y avait quelques dates en option pour chanter à Paris. Cela me semble un peu compromis maintenant.

Et pour la promotion du disque ?
J'essaie de me concentrer pour que ce disque soit aussi bon que possible, c'est tout ce que je peux faire. Et je sais qu'il sera aussi reçu en fonction des circonstances et de mon nouveau statut.

Votre vie privée ne vous a-t-elle pas empêchée d'écrire et de composer comme vous le vouliez ?
Non, cela m'a galvanisée, au contraire, c'est sans doute parce que je suis amoureuse. Cela donne une ferveur et une matière à l'écriture. Il y a des chansons qui sont instantanées, d'autres plus laborieuses. Quand on est amoureux, elles sont souvent instantanées, pas forcément dans ce qu'elles racontent, mais surtout dans l'élan qui les porte.

Ce disque va vous rapporter de l'argent...
Je ne sais pas si ce disque aura du succès, mais je sais que je n'accumulerai pas les privilèges. Ma vie en est pleine depuis longtemps. Etre l'épouse du président est un privilège énorme. Votre vie est prise en charge et tout le monde s'occupe de vous. J'appartiens à une famille favorisée, j'ai exercé deux métiers privilégiés, mon premier disque a été un succès inespéré. Il est normal que ma maison de disques, mon agent, mon producteur soient payés. Pour le reste, j'ai toujours eu de la chance et je me suis toujours sentie concernée par les malheurs qui m'ont été épargnés. Je donnerai l'intégralité des royalties de ce disque. Je ne sais pas encore à quelle cause, mais il y a l'embarras du choix, car la souffrance est partout. Je travaille depuis que j'ai dix-huit ans et j'aime gagner ma vie, même si je n'ai jamais été dans le besoin. Mais je ne veux pas accumuler les privilèges.

Suspendrez-vous votre carrière de chanteuse après ce prochain disque ?
Je ne me priverai pas d'écrire et de composer, mais, jusqu'à la fin du mandat de mon mari, je n'enregistrerai sans doute pas d'autre disque. Ensuite, je verrai bien.

Vivrez-vous à l'Elysée ?
L'appartement de l'Elysée est humain, c'est un cocon. Le président aime être chez moi et j'aime être là-bas, nous garderons donc nos vies telles quelles, ici et là-bas à la fois.

A l'Elysée, sentez-vous la pesanteur de la République ?
C'est un endroit magique posé sur un parc merveilleux à quelques pas de l'Etoile, avec une multitude de gens aimables et professionnels qui prennent soin de vous. Si c'est cela, la pesanteur de la République, ce n'est pas trop insupportable... C'est une pesanteur qui allège la vie. Je ressens parfois de la culpabilité, car, si Nicolas a besoin d'être ainsi entouré pour mieux travailler, moi pas.

Par votre mariage, vous allez devenir française...
Comme l'était ma grand-mère maternelle, née Melle Renée Planche, à Saint-Etienne. Je change de passeport, mais je ne change pas d'identité. Après tout, je suis européenne et je crois en l'Europe. Je suis née dans la région du Piémont, je viens du Nord tout contre votre Sud. Je suis piémontaise ou savoyarde, en somme. Nous partageons les mêmes montagnes. La langue française est une langue de poésie et de musique que je chéris depuis mon enfance. Mes poètes préférés sont les poètes français; même si j'aime Pavese, Leopardi, Dante, Pessoa, Pasolini, Yeats, Dickinson, Auden, Neruda, Goethe, Shakespeare, j'adore encore plus Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Eluard, Char, Aragon et Nerval. Nerval, c'est la beauté folle !

Y a-t-il des figures politiques que vous admirez ?
Je ne connais pas assez ce sujet pour dire autre chose que des évidences : Charles de Gaulle pour son action pendant la guerre, François Mitterrand pour avoir supprimé la peine de mort, Winston Churchill pour son courage et son humour, Kennedy... Ce qui suscite mon admiration, c'est l'agapê des hommes publics, par exemple Nelson Mandela, leur capacité à s'engager pour les autres. Et j'admire aussi Nicolas.

A l'écolière italienne que vous étiez apprenait-on que Napoléon était un affreux tyran ?
Non, on m'apprenait que c'était un Italien qui s'était trompé de pays !

Votre premier voyage officiel aura-t-il lieu à Londres ?
Sans doute.

Vous rencontrerez la reine...
Grisant...

Avez-vous peur du protocole, des circonstances solennelles ?
J'ai toujours un peu peur des choses que je ne connais pas, mais je suis aussi curieuse des us et des coutumes. Les nouveautés, avec ou sans protocole, me fascinent, je suis curieuse des gens, curieuse des choses à vivre, j'aime accumuler les souvenirs, c'est ainsi que j'écris des chansons.

Vous avez exprimé des opinions au cours de votre carrière, jusqu'à vos commentaires sur les tests ADN pour les immigrés, qui vous ont classée "à gauche": allez-vous changer d'opinions pour coller à celles de votre mari ?
Je n'ai pas changé d'avis sur les tests ADN, mais on peut parler avec Nicolas, qui aime la discussion et la contradiction. C'est le contraire d'un homme figé. Ce n'est pas l'idée que je me faisais d'un président de la République, que j'imaginais comme un bloc de certitudes.

Il ne correspond pas à l'image que vous aviez de lui avant de le connaître ?
Je ne me faisais pas vraiment une idée précise de lui en tant qu'homme. Je pressentais simplement une forme de courage et d'énergie. J'ai découvert sa souplesse d'esprit, qui vient peut-être du fait qu'il est sûr de son identité, de ses valeurs. C'est pourquoi il est capable de changer d'avis. Moins on sait qui on est, plus on est dogmatique et sectaire. Je n'aurais pas épousé un homme qui ne me laisserait pas penser librement, parler librement, être qui je suis. Non seulement il me laisse libre, mais il m'encourage. Et, alors que je suis une instinctive, que je dis des choses plus ressenties que réfléchies, il me prête tout de même une grande attention. En tant que femme, cette attention est l'une des choses qui m'ont le plus séduite en lui. Car, à la place qu'il occupe, il pourrait en être autrement. C'est un homme mouvant, qui n'aime qu'avancer, la vie auprès de lui va toujours quelque part, elle sera sans doute encore plus belle après son mandat. C'est un homme singulier, irréductible à son image.

Qu'entendez-vous par là ?
Il est tolérant, capable de perdre et même de se tromper, ce qu'il sait reconnaître.

Il aime se faire provocateur, tout de même...
Sans doute. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas conventionnel. C'est un point qu'il partage avec François Mitterrand. Et il est incorruptible, ce qu'il a en commun avec Pierre Mendès France.

Même si la conjoncture économique et la crise du pouvoir d'achat ont une grande part dans la baisse de la popularité du président, les analystes expliquent que votre présence à son côté n'y est pas non plus étrangère, perturbant une partie de l'opinion. Comment réagissez-vous ?
Je ne pense pas que le bonheur d'un homme nuise à son efficacité; j'espère donner du bonheur à Nicolas. Je pense que c'est l'exhibition de ce bonheur en tant que président qui nuit à son image. Nous avons donné ensemble, et je le regrette, l'impression d'une vie presque normale, avec des loisirs. Ce n'était que quelques heures de vacances, mais elles ont duré des semaines et des mois en image. Les gens considèrent, à juste titre, que le travail d'un président doit s'effectuer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je vous confirme qu'il en est ainsi. Il a pourtant besoin d'une part, même minuscule, de vie normale, comme nous tous. Ce qui est saisissant pour moi, qui vois tout ça de près, c'est le contraste entre le peu de temps libre dont il dispose et l'impression scandaleuse que cela provoque. C'est ainsi que des journaux "sérieux" me confondent avec le pouvoir d'achat...

Votre personnalité, votre notoriété, votre parcours ne sont pas anodins et ne peuvent laisser l'opinion indifférente...
Je comprends que l'on s'inquiète de ce que je suis, surtout avec les portraits souvent fantasques et parfois terribles que l'on a fait de moi. Mais je veux rassurer les Français. J'ai 40 ans, je suis normale, sérieuse, consciente, simple, même si je suis privilégiée. Je suis honnête, je suis la mère d'un petit garçon, j'écris des chansons et je suis l'épouse de leur président depuis bientôt deux semaines. Tout ce que j'ai vécu, je le revivrais de la même manière; comme le dit la chanson: "Je ne regrette rien". J'ai beaucoup aimé être mannequin, j'adore être chanteuse, c'est un métier de merveille, c'est une caresse. Le métier de mon mari est un coup de poing. Je suis fière d'avoir travaillé, existé, comme je suis fière d'avoir épousé Nicolas. Je suis aussi fière et heureuse d'être première dame de France. Je ferai de mon mieux.

Source : L'Express

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