- La campagne pour élire le 44e occupant de la Maison-Blanche commence véritablement ce jeudi soir, avec le premier rendez-vous des primaires dans le Midwest. Jamais une élection présidentielle n'avait été aussi ouverte depuis des décennies.
Dans chaque parti, on ne compte pas moins de trois personnalités dominantes, capables de l'emporter, et au moins deux challengers susceptibles de créer la surprise. Cela rend le jeu des pronostics particulièrement hasardeux, comme l'ont montré les chassés-croisés des candidats dans les sondages.
Après deux mandats de George W. Bush qui ont profondément affecté le statut des États-Unis dans le monde, les enjeux de cette élection ne pourraient être plus grands. Guerre en Irak, lutte antiterroriste, tensions internationales (Pakistan, Iran, Proche-Orient), crainte d'une récession économique, impact de la globalisation sur l'emploi, crise du système de santé, réchauffement climatique, maîtrise de l'immigration sont quelques-uns des sujets sur lesquels les candidats doivent convaincre, car le prochain président ne pourra les esquiver. Dans les sondages, 68 % des Américains se déclarent mécontents des orientations prises par leur pays. L'élection présidentielle promet le changement. Mais quel type de changement veulent exactement les électeurs ?
Les analystes donnent a priori l'avantage au camp démocrate, à cause du désir d'alternance et de la qualité de ses prétendants. Mais, entre Hillary Clinton, Barack Obama et John Edwards, il y a plus que des différences de style. L'ancienne première dame fait campagne sur l'expérience et sa capacité à régénérer le système politique de l'intérieur. «Certains croient qu'il suffit d'espérer le changement, dit-elle dans une allusion à Obama. D'autres pensent qu'il suffit de l'exiger, lâche-t-elle en direction d'Edwards. Je pense pour ma part qu'on y arrive en travaillant très dur. » Le sénateur de l'Illinois riposte en se présentant comme un homme neuf, capable de surmonter les clivages traditionnels : «Le vrai jeu de hasard, assure Barack Obama, serait de choisir les mêmes pour refaire les mêmes choses en espérant un résultat différent.»
Faire la même chose que Bush, en mieux
Du côté républicain, personne ne revendique vraiment l'héritage de George W. Bush, sans toutefois le jeter aux orties. Aucun des principaux candidats ne prône un retrait précipité d'Irak, même si John McCain est le seul à plaider pour un effort militaire soutenu jusqu'à la «victoire». Pour l'essentiel, les postulants à l'investiture du Grand Old Party proposent de faire la même chose que Bush, en mieux : Rudy Giuliani, dans la guerre contre le terrorisme ; Mitt Romney, dans la gestion du pays ; Mike Huckabee, sur la défense des valeurs morales. Il leur sera plus difficile d'incarner le changement, mais si la situation en Irak s'améliore ou si l'Amérique est de nouveau frappée par un attentat, l'argument de la compétence pourrait prendre le pas sur celui de la nouveauté.
Il y a quelque ironie à voir l'avenir de la première puissance mondiale être tranché, du moins dans une première étape, par des comités électoraux de quartier dans un petit État du Midwest peu représentatif du reste de l'Amérique. Mais le premier à voter peut déclencher un effet boule de neige sur la suite du calendrier, plus compacte cette année que jamais. Obama, Edwards et Huckabee ont besoin d'arriver en tête ce soir s'ils veulent garder toutes leurs chances. Clinton, Romney et McCain devront bien figurer mardi dans le New Hampshire pour rester en course. Clinton, Obama et Thompson joueront gros fin janvier en Caroline du Sud, où l'électorat noir est déterminant.
Le 5 février, vingt-deux États, représentant près de la moitié de l'électorat, voteront en même temps, ce qui devrait clarifier la course : s'il n'en reste qu'un dans chaque camp, la vraie campagne commencera. S'ils sont plusieurs à survivre, la querelle fratricide des primaires pourrait se prolonger jusqu'aux conventions des partis, à la fin de l'été.
Source : Le Figaro
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